L'avis du Petit Bulletin
Mahmoud ou la montée des eaux
(Verdier, 2021)
Les rivages de la guerre
« J’ignore que je me traîne seul au milieu des ruines, seul comme la solitude de l’eau ». Cette citation tirée du roman Mahmoud ou la montée des eaux d’Antoine Wauters, paru en août 2021, illustre parfaitement l’élégance de son écriture. Car avant d'être un écrivain, Antoine Wauters est un poète. À travers ce roman écrit en vers libres, il insuffle au personnage toute sa poésie et la nostalgie d’un homme détruit par la guerre en Syrie, de manière à rendre supportable la violence et l’horreur de celle-ci. Mahmoud, poète syrien, se noie dans ses souvenirs au fond du lac Al Assad dans lequel il voit l’histoire de son pays et de sa vie, la destruction et une échappatoire. Finalement, Mahmoud restera anéanti par la guerre, errera sans fin tel une coquille vide, un fantôme, un souvenir.
Chers poètes
Comme une invitation, la couleur de la couverture évoquant le désert de la Syrie nous éblouit. Puis nous voilà immergés dans les eaux troubles du lac d’El-Assad et de Mahmoud. Elmachi, vieux poète, étrange, seul au monde, sur ta barque. En dépit de ta vie rythmée par la guerre, tu puises la force de survivre grâce à l’amour des tiens. À la fois récit dramatique et poème en vers libres, Mahmoud ou la montée des eaux d’Antoine Wauters crée une harmonie flottante entre réalité et fiction, remontant les souvenirs à la surface des eaux. Nous n’avons jamais lu une histoire aussi originale. Le choix des mots pour exprimer la barbarie des hommes nous bouleverse, tandis que d’autres s’envolent dans des métaphores associées à la nature, à l’enfance, insufflant un air de liberté et de paix. Attirés, interrogés par des analepses confuses et émouvantes : un message d’espoir dans les heures sombres de l’humanité.
Est-ce ainsi que les hommes vivent ?
Dans un monde contemporain bruyant, les caméras du monde entier ne se déplacent plus trop pour rendre compte de la catastrophe écologique à l'oeuvre près du lac artificiel El Assad en Syrie. Par ailleurs, avec le temps, le printemps arabe, les révolutions, le fol espoir qu'ils incarnaient ont été engloutis. « Les monstres naissent dans la nuit. » « Et dans un pays où la liberté n'a rien d'un sport national ». Antoine Wauters choisit d'écrire un roman poétique, court, simple, avec des mots justes. Sur ce lac, dans une barque, à l'écart du monde, un vieux sage, poète, qui a l'écorce d'un vieil arbre fatigué, témoigne de son histoire intime bousculée par l'Histoire avec une grande hache. Entre rêves et souvenirs, la poésie devient alors un grand chant d'amour, de paix, de beauté et de silence contre la violence du monde. « Que deviennent les histoires quand il n’ y a personne pour les raconter ? » s'interroge un indien dans le film Seule la terre est éternelle de François Busnel. Il fallait bien un auteur belge talentueux pour offrir ce testament spirituel, faire entendre ainsi la voix d'un poète, souffle d'humanisme et de liberté, dernier rempart contre la barbarie.
Mahmoud ou la montée des maux
À travers ce roman, Mahmoud ou la montée des eaux, signé Antoine Wauters, le lecteur est amené à voguer en compagnie d'un vieil homme. Seul, Mahmoud, chaque jour prend sa barque, son tuba et plonge dans ses souvenirs. Malgré la guerre en Syrie, ses enfants partis au combat et ses amours perdues, il défie la tristesse et la barbarie par l’amour des mots, parsème son récit de poèmes : « Je nouerai les yeux au soleil, les coeurs à l'amour. Les ombres à l'eau, les branches au vent ». La puissance des mots touche fortement le lecteur et l'emporte, telle une vague dans un tumulte d'émotions. Nous avons été submergés par la beauté des vers libres, le va-et-vient entre les douces profondeurs et la surface violente. Ce livre essentiel montre la réalité des guerres et la perte d'êtres chers.
Nous avons aimé Mahmoud ou la montée des eaux. Nous avons d'abord apprécié le choix par Antoine Wauters de l'écriture poétique : le rythme des vers libres nous a transportés sur la barque de Mahmoud flottant sur le lac El-Assad en Syrie. Nous avons également aimé ce vieillard qui plonge pour retrouver son village noyé par le barrage : à travers les souvenirs de Mahmoud, depuis son enfance jusqu'au départ de ses enfants partis combattre Bachar El-Assad, c'est toute l'histoire de la Syrie qui se déroule. Nous avons ainsi découvert comment Bachar étudiant en médecine s'est soudain retrouvé successeur désigné de son père ou bien la cruauté dont il fait preuve envers son, peuple lorsque celui-ci se lance dans le Printemps arabe. Bref, Mahmoud ou la montée des eaux nous a plu, nous vous le recommandons !
Moi, Marthe et les autres (Verdier, 2018)
Moi, Marthe et les autres est un roman court et original dans sa forme, découpé en paragraphes numérotés, comme une sorte de journal de bord qui permet d’associer les émotions et les réflexions. On suit l’histoire du point de vue d’Hardy, un jeune homme appartenant à un petit groupe de personnes luttant pour survivre, dans un monde post-apocalyptique où tout est dévasté. Le groupe est en partance, des ruines de Paris jusqu’à la mer, symbole de liberté. Au fil du voyage, leurs relations alternent entre violence et douceur, on voit comment, en l’absence de tous repères sociaux et moraux, ils se déshumanisent mais cherchent encore des raisons d’espérer. Ce roman ne laisse pas de place à l’ennui et permet de questionner notre avenir sur une planète Terre malmenée.
Biographies
Classe de terminale générale, Lycée agricole, Dardilly (69)
Antoine ou la montée des mots… Amour… présent dans tous ses textes depuis Nos mères, son premier roman.
Nouvelles : Le musée des contradictions, son dernier livre.
Tabou : dans les mondes en ruine, ses personnages vivent sans tabou la mort, la sexualité, l’inceste ou le cannibalisme.
Oubli : relation complexe à l’oubli et la mémoire…
Instabilité : il casse dans ses livres l’image d’un monde stable.
Nationalité : belge.
Enfance : les paysages de son enfance ont beaucoup compté pour lui et on croise beaucoup d’enfants dans son oeuvre.
Wepler : En 2021, le prix Wepler lui est attribué pour Mahmoud ou la montée des eaux.
Avenir : ?
Urgence… de vivre face aux mondes qui s’écroulent, aux catastrophes, aux guerres.
Traces : une question qui revient souvent dans ses romans : que restera-t-il de nous ?
Écrire : « J’écris pour tuer la part non vivante qui m’habite ». Romancier mais pas que : il est aussi scénariste, nouvelliste et poète.
Sprimont : son village de naissance. Fraiture fait partie de cette commune, frontalière avec Les Pays Bas et l’Allemagne.
Première et Terminale HLP, Lycée Georges Brassens, Rive de Gier, Loire (42)
Écrivain, poète, scénariste belge ; il a aussi travaillé
Comme professeur de philosophie et de français. Il a écrit plusieurs
Romans à succès tels que Nos mères en 2014, Debout sur la langue en 2008,
Césarine de nuit en 2012, Mahmoud ou la montée des eaux en 2021.
Il a reçu de nombreux prix : le prix Révélation de la SGDL, le prix Marcel Thiry, mais également le prix Marguerite Duras en 2021, grâce à son roman en
Vers libres, Mahmoud ou la montée des eaux
Antoine Wauters, c’est son nom.
Il est né le 15 janvier 1981 à Bruxelles
Nous serons heureux de le rencontrer le 19 mai à Rive de Gier.
Première pro ASSP (Aide Soins et Services à la Personne, Lycée René Cassin, Rive de Gier, Loire (42)
Écrivain né en 1981 près de Liège en Belgique,
Antoine Wauters a été dans sa jeunesse professeur de lettres
Comme Mahmoud le personnage principal
De son dernier roman,
Et comme lui, il a l'âme d'un poète.
En 2018, son premier recueil de poésie Debout sur la langue
Obtient un prestigieux prix littéraire au royaume des frites et de la bière.
Son premier roman Nos mères publié en 2014
Fait de lui l’étoile montante de la littérature belge.
Mais c'est Mahmoud ou la montée des eaux
Qui le fait connaître en dehors du pays plat.
Ce roman rédigé comme un poème d’Apollinaire
Lui permet d'empocher deux butins littéraires :
Le prix Wepler et le prix Marguerite Duras.
Antoine Wauters a encore d’autres plumes à son arc.
Il est aussi scénariste de cinéma,
A co-signé le film Préjudice d’Antoine Cuypers en 2015.
Enfin il a montré son amour de la planète et du vivant
Dans une tribune parue dans la presse franco-belge en 2018.
Finalement Antoine Wauters est un comme couteau suisse mais belge !
Première, Lycée de l'Albanais, Rumilly, Haute-Savoie (74)
Antoine Wauters est un jeune écrivain belge natif de Liège. À l’adolescence, l’écriture est déjà un métier pour le jeune homme, qui, encouragé par son professeur de français, écrit loin des cadres académiques.
Promis à une carrière d’athlète sportif, c’est une blessure qui réoriente son destin comme celui d’Elise dans "En Corps" de Cédric Klapisch. En effet, il découvre Jacques Isoard, un poète belge dont il parcourt un texte auquel il ne comprend rien mais qu’il trouve sublime.
Enseignant dans le supérieur, Antoine Wauters a été remarqué avec Nos mères (2014) son premier roman qui raconte l’exil en Europe d’un enfant qui a fui la guerre au Proche-Orient. En 2018, Pense aux pierres sous tes pas (Verdier) évoque de manière tendre l’humanité malmenée.
Editeur, voyageur, écrivain qui vit dans les bois et aime le silence, c’est un belge de 40 ans capable de faire entendre la voix d’un vieux poète syrien de 70 ans dans Mahmoud ou la montée des eaux salué par le prix Wepler (Verdier)
"Toute ma vie, j’ai écrit parce que je souffrais de voir se briser ce pays, celui des rêveries de l’enfant."
Seconde 10, Lycée Jean Moulin, Albertville, Savoie (73)
Mettez un belge dans un saladier. Faites un puits et versez-y l’écriture littéraire et poétique. Ajoutez 41 ans de vie, une bonne quantité d’amour familial et cassez-y 18 ans d’enfance campagnarde dans les ravines. Commencez à mélanger délicatement ces paysages jusqu’à ce qu’ils s’ouvrent sur le monde et sa brutalité. Mettez de côté l’enseignement et concentrez-vous sur la création. Quand le mélange devient épais, versez une pincée d’œuvres diverses (un zeste de Sylvia, quelques gouttes de Pense aux pierres sous tes pas, ou de Nos Mères si le cœur vous en dit…). N’oubliez pas l’amitié scénaristique avec Antoine Cuypers ! Incorporez ensuite 100 g de questionnements philosophiques, sans oublier 80 g de deuil, puis délayez 50 g de souvenirs. Faites cuire environ 20 minutes à chaleur intense. À la sortie du four, saupoudrez d’un soupçon de folie et vous obtiendrez Antoine Wauters !
Cette recette a été inspirée de la cuisine de Mahmoud ou la montée des eaux.
Seconde, Lycée Don Bosco, Lyon, Rhône (69)
Si Antoine Wauters était un pays, il serait la Belgique, la campagne liégeoise : lieu de son enfance où son amour pour l’écriture est né.
Si Antoine Wauters était une couleur, il serait le bleu, symbole de la liberté. Le bleu c’est aussi l’eau, très présente dans son livre, un espace de nostalgie et de création.
Si Antoine Wauters était un animal, il serait une abeille, porteuse de sagesse et d’humilité. L’écrivain butine d’idées en idées, pour créer le miel de son œuvre.
Si Antoine Wauters était une odeur, il serait celle du romarin car il est le symbole du souvenir et de l’amitié ; et celle de la cuisine libanaise qu’il aime.
Si Antoine Wauters était un lieu, il serait la chambre, symbole de l’intimité et du secret.
Si Antoine Wauters était une fleur, il serait la rose car ses pétales font référence à l’amour, les épines à la douleur ce qu’il fait ressentir dans ses livres.
Si Antoine Wauters était un tableau, il serait « Coin d'atelier » de Claude Monet : un tableau qui fait penser à « sa grotte » sombre et pleine de livres. Wauters écrit la lumière pour éclairer les parties obscures de la vie.