Une autre approche des nouvelles classes sociales

Ceci est un article publié par Terminale STMG1 / Lycée Pierre Beghin / Moirans

Projet : Le bureau des idées


Il Quarto Stato - Giuseppe Pellizza, 1901

L’expression de « lutte des classes » est apparue au XIXe siècle avec Karl Marx. Celle-ci se divise en deux classes (celle des travailleurs et celle des dominants). Les auteurs invités lors de ce festival des idées évoquent cette lutte avec le thème «  les nouveaux visages de la lutte des classes ». L’historienne Ludivine Bantigny explique que le terme « révolution »a perdu son sens et tente de le redéfinir. Jérôme Fourquet se base sur les statistiques pour montrer que les Français n’ont plus de « socle commun ». Thibault Muzergues, quant à lui, refond complètement les classes sociales.

Ludivine Bantigny affirme être de gauche et nous explique dans son livre Révolution qu’il pourrait prochainement y en avoir une. Une révolution est un renversement brusque d’un régime politique. Mais pour l’auteur, la définition traditionnelle est insuffisante et elle insiste pour y ajouter l’espérance et le sens dont se dotent les révolutions à savoir une société plus juste et égalitaire portant un projet d’émancipation. L’historienne se questionne sur les modalités d’exercice d’une révolution et nous demande d’être attentifs à ses signes avant-coureurs. Il pourrait y avoir une éventuelle révolution dans très peu de temps opposant le gouvernement et les différentes classes sociales et tout particulièrement la classe ouvrière. Cela pourrait se passer avec des paroles violentes mais moins d’actes agressifs. Selon nous, cela devrait créer une société meilleure car il y a beaucoup d’inégalités envers les catégories populaires qui ne sont pas reconnues à leur juste valeur. En plus de ne plus s’en sortir au quotidien, ces inégalités leur donnent le sentiment d’avoir perdu leur dignité.

Dans L’Archipel français, Jérôme Fourquet tente de nous démontrer qu’il n’ y a plus de gauche et de droite mais que l’ancien clivage a été remplacé par celui de « haut » et de « bas ». Quand il traite des mariages, il prouve que ceux-ci sont plus fréquents lorsque la croissance économique va bien. Il ne différencie pas les classes sociales comme Thibault Muzergues mais introduit l’idée selon laquelle les actes de consommation d’un individu sont révélateurs de leur classe. Nous pouvons nous demander s’il est souhaitable que seule la consommation définisse l’identité des citoyens ? Lorsqu’il aborde l’actualité des gilets jaunes, c’est pour souligner qu’ils font partie d’une classe moyenne regroupant différentes catégories sociales qui manifestent car ils ressentent du mépris, ont une demande de reconnaissance de leur dignité et de justice sociale. Depuis l’arrivée d’Emmanuel Macron à la présidence, il y a une majorité de cadres à l’assemblée nationale et près peu d’ouvriers, voire pas du tout.

Thibault Muzergues, se définissant de droite, distingue quatre classes sociales dans son livre La quadrature des classes : les millenials, les créatifs, les minorités blanches et la classe moyenne provinciale. La première appelée aussi génération Y regroupe les jeunes de moins de 35 ans. Ils vivent près des métropoles et sont considérés comme la génération la plus éduquée de l’histoire. Mais, malgré leurs études ils ne savent pas ce qu’ils vont devenir à cause du chômage. La classe créative vit principalement dans les centres-villes, elle défend les droits des minorités etcombine le télétravail et les loisirs. Se rend-elle compte de ses propres contradictions lorsqu’elle participe à la gentrification des territoires ? Vient ensuite, la classe des minorités blanches qui se sent rejetée de la société et est opposée à la mondialisation. Les partis d’extrême droite s’étant appropriés ces thèmes peuvent les séduire. La classe moyenne provinciale fortement opposée à celle des créatifs est souvent éloignée des métropoles. Elle délimite une frontière entre son espace de travail et son espace personnel.

Nous pensons que ces trois œuvres reflètent ce qu’il se passe dans notre société. Leur lecture croisée nous amène à penser qu’il est possible de créer une nouvelle société qui serait meilleure. Nous trouvons pertinent que certains sujets comme l’homosexualité ou l’IVG soient évoqués par Jérôme Fourquet car cela reflète la réalité et peut faire évoluer la société française. Nous pensons que le terme de « révolution » convient parfaitement à ce qu’il se passe ou va se passer dans le monde. Le mouvement des gilets jaunes est un véritable fait social. Sa persistance ainsi que les différentes grèves ayant eu lieu cette dernière année, nous amène malgré tout à penser qu’une guerre civile n’est pas impossible de même qu’une révolution ouvrant sur des jours meilleurs en repensant la société ; de nouvelles classes devraient en émerger constituant un nouvel objet d’étude pour nos trois auteurs.

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One thought on “Une autre approche des nouvelles classes sociales”

  • Léo Goudard says:

    Chers élèves du lycée Pierre Beghin,

    bravo pour votre article ! Nous l’avons transmis à Thibault Muzergues (politologue qui était intervenu dans le cadre de la table ronde “Nouveaux visages de la lutte des classes”), qui a pris le temps de vous formuler une réponse que voici, bonne lecture !

    “Cet article résume bien les trois livres des intervenants du débat sur « les nouveaux visages de la lutte des classes” à la Villa Gillet en novembre dernier. En ce qui concerne le livre de Jerome Fourquet, j’ai néanmoins le sentiment que les étudiants sont passé à coté d’un thème majeur de son livre: l’atomisation de nos sociétés, avec des classes sociales qui n’interagissent plus, ou très peu. Cette “sécession” de certaines couches sociales (ou classes sociales) est-elle le déclencheur du mauvais fonctionnement de nos sociétés démocratiques? Est-elle un signe avant-coureur d’une nécessaire “révolution” qu’appelle Ludivine Bantigny? Ou doit-elle être prise en considération par les élites pour ramener de la cohérence à nos sociétés, recréer un lien social fort au-delà des exhortation désormais invocatoires (sans grand succès) au “vivre-ensemble? Les étudiants on bien compris que nous sommes sortis de l’utopie d’une société “sans classe” pour renouer avec un conflit social qui peut devenir violent. La question qui se pose, dans le prolongement de leur réflexion, est de s’appuyer sur ce constat pour savoir ce que l’on veut: garder les choses en l’état (jusqu’à quel point? à quel prix?), faire la révolution (Pour quoi? à quel prix également?), ou tenter de réformer le système pour refaire société (par quels moyens? une telle “réforme” peut-elle entre acceptée par le plus grand nombre, ou est-ce seulement un glissement vers une révolution plus violente)? Toutes ces questions méritent d’être posées, et il est à espérer que les auteurs de cet articles pourront dans les mois et les années à venir, y compris dans leur vie citoyenne, y revenir et – espérons le – apporter des solutions nouvelles.

    Thibault Muzergues”

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