Aux États-Unis au début du 20ᵉ siècle se lance un combat pour l’interdiction de la drogue. Certains individus, appelés « entrepreneurs de morale » par le sociologue américain Howard Becker, dénoncent les effets de celle-ci sur les émotions, en affirmant que l’addiction à la marijuana est un vice et non une dépendance.
Comment ? Ils mettent en avant dans la presse américaine en 1905 une série d’articles décrivant les ravages silencieux des drogues en libre accès. Grâce à ceux-ci, les premières lois sont mises en place avec le « le Food and Drug Act » datant de 1905 aux États-Unis mais encore la Convention internationale de l’opium de La Haye en 2012 au niveau international.
Une instrumentalisation raciste
Pour atteindre cet objectif de prohibition, tous les moyens, qu’ils soient moraux ou non, ont été utilisés. La peur par le biais des préjugés racistes a été largement utilisée comme par exemple l’idée que les afro-américains qui prenaient de la cocaïne devenaient invulnérables et invincibles. Ce prétexte a bel et bien fonctionné car les policiers dans le sud du pays se sont vu changer de calibre de pistolet, en passant du 32 au 38.
Les asiatiques ont eux aussi été stigmatisés. En effet, les chinois sont pointés du doigt comme la population qui aurait instauré la consommation d’opium et qui inciteraient toute la jeunesse américaine à prendre cette drogue.
Les Mexicains sont aussi pointés du doigt. Des rumeurs sont lancées par les partisans de la prohibition des drogues. Elles diraient que des jeunes femmes tombent enceinte à cause de mexicains et de noirs qui leur feraient fumer, ce qui auraient libéré un instinct bestial en elles. Ils accusent la musique, plus particulièrement le jazz car pratiqué par la population afro-américaine, comme animée par la marijuana. Ce serait, d’après Harry Anslinger, une drogue qui causerait la folie, la criminalité et la mort.
Une instrumentalisation anti-communiste
D’autres prétextes ont été utilisés par certains politiciens comme par exemple d’ordre idéologique. Anslinger, puritain, dramatisait les effets de la marijuana en affirmant que cette drogue permettait le « lavage de cerveau communiste » et qu’elle avait causé le plus de violence dans l’histoire de l’humanité. Anslinger poursuivra en 1937 en allant contre les avis scientifiques : parmi 30 analyses, 29 ont jugé les effets de la marijuana comme négligeables mais il ne publiera que la trentième. Le Congrès américain fera de la possession de marijuana un crime fédéral la même année…