(Re) faire société: « Construire un monde commun » Conférence « Capital et idéologie » Thomas piketty

Ceci est une ressource publiée par 1ère Spécialité HGGSP et Terminale Science politique / Lycée Blaise Pascal / Charbonnières les Bains

Projet : Le bureau des idées


(Re)faire société : mode d’emploi.

Conférence sur « Capital et idéologie » Thomas Piketty

Introduction : mise en place de la problématique

 

De la confrontation de discours et d’idéologies* contradictoires naissent des récits dominants légitimant les inégalités sur lesquelles s’appuient les régimes en place.

«Dans les sociétés contemporaines, il s’agit notamment du récit propriétariste, entrepreneurial et méritocratique : l’inégalité moderne est juste, car elle découle d’un processus librement choisi où chacun a les mêmes chances d’accéder au marché et à la propriété, et où chacun bénéficie spontanément des accumulations des plus riches, qui sont aussi les plus entreprenants, les plus méritants et les plus utiles».

Mais ce grand récit apparaît de plus en plus fragile depuis sa reformulation radicale et à visée mondiale de la fin du XXème siècle :  chute du communisme soviétique et triomphe de l’hypercapitalisme.  Il conduit à des contradictions dont les formes et trajectoires sont spécifiques, mais connectées.

Les inégalités sont usuellement partagées entre les inégalités économiques et les inégalités sociales résultant le plus souvent des premières. Comment les caractériser ?

‚ Définissez  méritocratie.

ƒQuels sont les traits dominants du capitalisme ? Comment caractériser l’hyper capitalisme ?

« De fait, la montée des inégalités socio-économiques s’observe dans presque toutes les régions du monde depuis les années 1980-1990 ».

Leur ampleur les rend difficile à justifier par l’intérêt général.

« Le discours méritocratique et entrepreneurial apparaît bien souvent comme une façon commode pour les gagnants du système économique actuel de justifier n’importe quel niveau d’inégalité, sans même avoir à les examiner, et de stigmatiser les perdants par leur manque de vertu et de diligence ».

Il y a culpabilisation des plus pauvres.

« L’inégalité moderne se caractérise également par un ensemble de pratiques discriminatoires et d’inégalités statutaires et ethno-religieuses dont la violence est mal décrite par le conte de fées méritocratique, … » : ce sont les cas des personnes sans domicile, celles issues de certains quartiers et origines, des migrants.

Le repli identitaire et nationaliste pourrait alors devenir un grand récit de substitution car il manque un horizon universaliste et égalitaire crédible. Celui-ci nécessiterait une transformation profonde du système économique actuel pour le rendre moins inégalitaire tant entre pays qu’à l’intérieur des pays.  « … le populisme xénophobe et ses possibles succès électoraux pourraient très vite amorcer le mouvement de destruction de la mondialisation hyper capitaliste et digitale des années 1990-2020 ».

 

„Donnez des exemples confirmant l’hypothèse de succès électoraux ou tout au moins de  percée électorale de mouvements populistes xénophobes  actuellement ?

 

«Ce livre a pour objet l’histoire et le devenir des régimes inégalitaires» et s’appuie précisément sur une  enquête historique pour exprimer le devenir des régimes inégalitaires.

> Qu’est-ce qu’une idéologie* ?

Thomas Piketty définit tout d’abord ce qu’il entend par idéologie. Il utilise ce terme dans une conception positive. « *Elle est (donc)une tentative plus ou moins cohérente d’apporter des réponses à un ensemble de questions extrêmement vastes portant sur l’organisation souhaitable ou idéale de la société».

Il s’agit des questions autour

  • du régime politique ( les différentes formes de la participation politique, le rôle des citoyens et des étrangers, des présidents et des assemblées, des ministres et des rois, des partis et des élections, des empires et des colonies)
  • du régime de la propriété (le rôle de la propriété privée et publique, immobilière et financière, terrienne et minérale, esclavagiste et servile, intellectuelle et immatérielle, et la régulation des relations entre propriétaires et locataires, nobles et paysans, maîtres et esclaves, actionnaires et salariés)

qui impliquent

  • un régime éducatif (les règles et institutions organisant les transmissions spirituelles et cognitives : familles et Eglises, pères et mères, écoles et universités)
  • un régime fiscal (les dispositifs permettant d’apporter des ressources adéquates aux Etats et régions, communes et empires, ainsi qu’à des organisations sociales, religieuses et collectives de diverses natures)

 

Chaque société, chaque régime inégalitaire se caractérise par un ensemble de réponses  relatives à ces différents régimes, et notamment les régimes politique et de la propriété.

… Définir participation politique, citoyen, étranger.

> La frontière et la propriété.

Le régime politique va s’appuyer sur une théorie de la frontière. « Pour simplifier, on peut dire que chaque régime inégalitaire, chaque idéologie inégalitaire, repose sur une théorie de la frontière et une théorie de la propriété ».

Il faut donc répondre à la question de la frontière et à celle de la propriété.

«Dans la plupart des sociétés anciennes, la question du régime politique et  celle du régime de  propriété, autrement dit la question du pouvoir sur les individus et celle du pouvoir sur les choses (c’est-à-dire les objets de détention …) sont liées de façon directe et immédiate».Les civilisations sont des civilisations pré modernes.

  • C’est le cas des sociétés esclavagistes où «… : certains individus en possèdent d’autres dont ils sont à la fois les gouvernants et les propriétaires.»
  • C’est aussi le cas « …dans lessociétés ternaires ou trifonctionnelles (c’est-à-dire séparées en trois classes fonctionnelles : une classe cléricale et religieuse, une classe noble et guerrière, une classe roturière et laborieuse). Ici, « (…) les deux classes dominantes sont inséparablement les classes dirigeantes dotées de pouvoirs régaliens (…) et des classes possédantes ».

 « Les sociétés de propriétaires, qui fleurissent notamment en Europe au XIXème siècle, tentent au contraire de séparer strictement la question du droit de propriété (réputé universelet ouvert à tous)et celle du pouvoir régalien(désormais monopole de l’Etat centralisé) ». Le régime politique et le régime de la propriété sont toutefois étroitement liés : d’abord les droits politiques furent réservés longuement aux propriétaires par le biais du cens, d’autre part les règles constitutionnelles ont limité toute possibilité de redéfinir le régime de propriété « dans un cadre légal et apaisé ».

† Définir régalien et régime politique censitaire.

En ce qui concerne, les sociétés sociales démocrates, communistes et post-communistes (s’étant développées en réaction aux crises inégalitaires et identitaires provoquées par les sociétés propriétaristes), puis finalement, les sociétés postcoloniales et hyper capitalistes modernes, la question du régime politique et celle du régime de propriété ont toujours été « inextricablement » liées.

Pour illustrer ces liens « structurants et persistants » toujours actuels, l’absence d’un mécanisme démocratique permettant d’adopter un impôt ou un projet de redistribution et de développement en commun, compte tenu du droit de veto fiscal de chaque pays (voir le cas de l’UE), en est un exemple fort.

‡ Qu’est-ce que le droit de veto fiscal (voir la décision à l’unanimité/ la décision à la majorité qualifiée en UE) ?

Pourquoi peut-on dire qu’un régime politique va s’appuyer sur une théorie de la frontière ?

C’est ainsi que Thomas Piketty  propose d’utiliser la notion de régime inégalitaire englobant celle de régime politique et de régime de propriété (y compris, de régime éducatif et de régime fiscal).

            Introduction

I- Les régimes inégalitaires dans l’histoire

Chapitre 1. Les sociétés ternaires : l’inégalité trifonctionnelle

Chapitre 2. Les sociétés d’ordres européennes : pouvoir et propriété

Chapitre 3. L’invention des sociétés de propriétaires

Chapitre 4. Les sociétés de propriétaires : le cas de la France

Chapitre 5. Les sociétés de propriétaires : trajectoires européennes

II-Les sociétés esclavagistes et coloniales

Chapitre 6. Les sociétés esclavagistes : l’inégalité extrême

Chapitre 7. Les sociétés coloniales : diversité et domination

Chapitre 8. Sociétés ternaires et colonialisme : le cas de l’Inde

Chapitre 9. Sociétés ternaires et colonialisme : trajectoires eurasiatiques

III-La grande transformation du XXe siècle

Chapitre 10. La chute des sociétés de propriétaires

Chapitre 11. Les sociétés sociales-démocrates : l’égalité inachevée

Chapitre 12. Les sociétés communistes et post-communistes

Chapitre 13. L’hyper-capitalisme : entre modernité et archaïsme

IV-Les dimensions du conflit politique

Chapitre 14. La frontière et la propriété : la construction de l’égalité

Chapitre 15. Gauche brahmane : les nouveaux clivages euro-américains

Chapitre 16. Social-nativisme : le piège identitaire post-colonial

Chapitre 17. Éléments pour un socialisme participatif au XXIe siècle

Introduction : la méthode

> Prendre l’idéologie au sérieux

L’idéologie est économique et technique, mais aussi idéologique et politique. Marché, concurrence, profit, salaire, capital, dette, travailleurs qualifiés et non qualifiés, nationaux, étrangers, paradis fiscaux et compétitivité sont «des constructions sociales et historiques qui dépendent entièrement du système légal, fiscal éducatif et politique…». Ces choix dépendent des représentations de justice sociale et d’économie juste de chaque société.

« Cette approche se distingue des nombreux discours conservateurs visant à expliquer qu’il existe des fondements naturels aux inégalités ». Les disparités sociales seraient dans l’intérêt des plus pauvres et de la société dans son ensemble. « L’expérience historique démontre le contraire ». Pour l’essentiel, les processus révolutionnaires et politiques ayant permis de réduire les inégalités, sont à l’origine de institutions ayant permis le progrès humain :  suffrage universel, école gratuite et obligatoire, assurance maladie universelle, impôt progressif.

«Cette approche centrée sur les idéologies, les institutions et la diversité des trajectoires possibles se différencie également de certaines doctrines parfois qualifiées de marxistes, selon lesquelles l’état des forces économiques et des rapports de production déterminerait presque mécaniquement la superstructure idéologique d’une société. » … « Par exemple, la théorie du passage mécanique du féodalisme au capitalisme à la suite de la révolution industrielle ne permet pas de rendre compte de la complexité et de la diversité des trajectoires historiques et politico-idéologiques… ,en particulier entre régions colonisatrices et colonisées …, et surtout ne permet pas de tirer les leçons les plus utiles pour les étapes suivantes ». L’attentisme  révolutionnaire (du grand soir) « dispense souvent de réfléchir au régime institutionnel et politique réellement émancipateur à appliquer(…), et conduit généralement à s’en remettre à un pouvoir étatique(…) hypertrophié et indéfini, ce qui peut s’avérer tout aussi dangereux que la sacralisation propriétariste à laquelle on prétend s’opposer. »

Enfin, il existe également « un usage péjoratif de la notion d’idéologie » qui est parfois justifié : manque d’intérêt pour les faits, ignorance historique, lourdeur des présupposés et égoïsme de classe.

Thomas Piketty souligne, ainsi, que son livre sera très factuel, même si les faits sont tributaires des dispositifs institutionnels (recensements, enquêtes, impôts, …) et des catégories sociales, fiscales ou juridiques : « les sources disponibles ne (sont) jamais suffisantes pour trancher tous les différends ». 

 Quelles sont les caractéristiques de l’approche de T.Piketty ?

> Apprentissage collectif et sciences sociales

« Chaque trajectoire politico-idéologique nationale (comme la Révolution française) peut se voir comme un gigantesque processus d’apprentissage collectif et d’expérimentation historique ».

Ces processus sont largement conflictuels ;  ils peuvent cependant aboutir à des éléments de consensus. Ils ont leur part de rationalité, mais également leurs limites : tendance à avoir la mémoire courte, nationalistes. Les expériences des autres pays sont presque complètement ignorées car souvent les représentations dédiées sont grossières et imprécises.

« C’est ici que les recherches en sciences sociales peuvent jouer leur rôle. »

‚ Qu’entend T.Piketty  par apprentissage collectif ? En quoi ce processus est-il contraint ?

ƒ Que sont les sciences sociales ?

> Les sources utilisées dans ce livre

« Ce livre s’appuie sur deux grands types de sources historiques :

  • d’une part des sources permettant de mesurer l’évolution des inégalités, dans une perspective historique, comparative et multidimensionnelle (inégalités de revenus, salaire, patrimoine, éducation, genre, âge, profession, origine, religion, race, statut, etc) ;

Üen particulier, les données rassemblées dans le cadre de la WID (World InequalityDatabase)

  • et d’autre part, des sources permettant d’étudier les transformations des idéologies, des croyances politiques et des représentations des inégalités et des institutions économiques sociales et politiques qui les structurent. »

Ü données classiques : débats parlementaires, discours politiques, programmes et plates-formes électorales des partis ;textes des théoriciens, des acteurs politiques ;

     littérature : Balzac, Jane Austen, Carlos Fuentes…

    enquêtes post-électorales.

Origine de la ressource :
Fiche de travail

 

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civilisations pré modernes.

 

 

 

 

 

 

I- Les régimes inégalitaires dans l’histoire

Chapitre 1. Les sociétés ternaires : l’inégalité trifonctionnelle

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Article lié :
Capital et Idéologie – Thomas Piketty

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