Comment appréhender les inégalités à travers l’évolution des écarts de revenus, étudiée par Thomas Piketty ?
Depuis plusieurs années, les inégalités se font fortement ressentir dans la société et l’écart se creuse entre les plus riches et les moins riches. Pour l’économiste Thomas Piketty, la cause est le capitalisme qui « est une machine à produire des inégalités ». Sa réflexion sur les inégalités va le conduire à mettre en avant des propositions qui, selon lui, permettraient d’y mettre un terme.
L’évolution des revenus mondiaux
L’économiste construit sa théorie à travers une base de données statistiques unique traitant de l’évolution des revenus mondiaux. Il montre ainsi que, sur la durée, le rendement du capital est supérieur au taux de croissance économique qui, lui, est à peine supérieur à 1% : c’est cela qui engendre des inégalités. Et c’est donc bien l’accumulation du capital, concentrée par une minorité favorisée, qui aggrave celles-ci.
Les chiffres chocs sur les inégalités mondiales
Dans son Rapport mondial sur les inégalités, Thomas Piketty met en avant « 5 chiffres chocs » : 61 % de la richesse du Moyen Orient est captée par 10% des plus riches de la région ; les 1% des américains les plus riches le sont deux fois plus qu’en 1980 , alors que les plus riches détenaient 39 % du patrimoine en 2017 (en 2050 ce chiffre s’élèverait à 39%) ; 29 % du patrimoine mondial est détenu par la classe moyenne aujourd’hui contre 27 % prévu en 2050 . Les américains ayant les revenus les plus faibles ont subi une baisse de 50% de leurs revenus.
Le fruit d’une construction sociale ?
De plus, l’économiste met en avant le fait que les inégalités sont avant tout le fruit d’une construction et d’une organisation sociale – à travers le temps -, et que ce sont « les idéologies qui se chargent de les légitimer ». Ces « inégalités idéologiques » sont dynamiques et liées aux transformations qui touchent l’organisation des structures politiques qui encadrent les différents systèmes à l’œuvre dans nos sociétés « le système de propriété, le système de légalité, le système éducatif et fiscal ». C’est en ce sens que Thomas Piketty parle « d’inégalités modernes » marquant les disparités de revenus entre la classe moyenne et la classe aisée, dans la mesure où celles-ci sont construites et renforcées par une idéologie méritocratique qui crée un sentiment de culpabilité chez les plus pauvres, tout en valorisant les « gagnants du système économique, et en partie du système éducatif ».
Quelles perspectives ?
À partir de ces réflexions, l’auteur aborde plusieurs propositions. Parmi celles-ci, on peut citer : un impôt progressif sur les successions allant jusqu’à 90% pour les individus les plus riches ; une dotation universelle de 120 000 € à destination de jeunes français ; une propriété sociale doublée d’une cogestion consistant à répartir plus équitablement le pouvoir au sein des entreprises entre salariat et patronat ; une justice éducative en faveur des zones défavorisées.
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