Commentaires sur : Les nouvelles formes de conflits et de cohésion https://www.villavoice.fr/les-nouvelles-formes-de-conflits-et-de-cohesion/2019/ Plateforme de création et de partage Tue, 03 Mar 2020 11:15:26 +0000 hourly 1 https://wordpress.org/?v=5.8.6 Par : Léo Goudard https://www.villavoice.fr/les-nouvelles-formes-de-conflits-et-de-cohesion/2019/#comment-1004 Tue, 03 Mar 2020 11:15:26 +0000 http://villavoice.fr/?p=27578#comment-1004 Chers élèves du lycée Marie Reynard,

bravo pour votre article ! Nous l’avons transmis à Thibault Muzergues (politologue qui était intervenu dans le cadre de la table ronde “Nouveaux visages de la lutte des classes”), qui a pris le temps de vous formuler une réponse que voici, bonne lecture !

“Un bon article qui met bien en évidence deux problèmes majeurs dans notre société: la réapparition de la violence comme nouvelle “normalité” dans les conflits sociaux (visible durant la crise des gilets jaunes et au-delà), et l’atomisation de la société française (et au-delà européenne), qui nous ramène au problème de la cohésion de nos sociétés. En suivant ces deux pistes, j’invite les élèves à creuser un peu plus leur réflexion…

– Sur le retour de la violence physique dans les conflits sociaux, d’où vient-elle? Les élèves parlent d’une société très éduquée avec de nouvelles demandes qui ne sont pas (ou peu) prises en considération par les élites, mais doit-on simplement s’arrêter là? Certes, les manifestations à Hong Kong, Santiago du Chili, Khartoum et ailleurs ces derniers mois ont montré que la problématique est bien globale, mais ne doit-on pas se poser des questions plus profondes sur le fait que la violence soit en train de redevenir une composante “légitime” de la lutte? Est-ce parce que les mouvements sont beaucoup moins encadrés que par le passé (au temps des syndicats, ceux-ci connaissaient un service d’ordre pour éviter les débordements et canaliser la violence)? Est-ce parce que les populations sont aujourd’hui plus désespérées pour leur avenir? Ou est-ce parce que les nouveaux acteurs qui cherchent à encadrer ces mouvements sociaux considèrent que la violence “populaire” est légitime – dans ce cas pourquoi? Le commentaire des élèves soulève ces questions, et bien d’autres.

– Sur la recherche d’une cohésion perdue, celle-ci est incontestable, et il est clair que l’absence d’un avenir à imaginer en commun – au-delà des exhortations au vivre-ensemble des élites – est un problème pour définir l’avenir de nos sociétés. Maintenant que ce constat est posé, la question se pose de savoir comment nous pouvons retrouver ce lien social, en d’autres termes, comment (re)faire société, voire refaire nation. S’agit-il simplement de mieux redistribuer les richesses? Dans un cadre de croissance molle, cette question est déjà difficile, dans la mesure où les ressources sont finies, et si l’on donne plus à un groupe, il faudra forcément en prendre à un autre. Mais au-delà, n’y aurait-il pas une dimension symbolique, voire culturelle au problème? Pour retrouver la cohésion, il faut d’abord avoir un ensemble auquel nous pouvons agglomérer les populations, et leur rendre un sentiment d’appartenance commun. Or, où trouver cette nouvelle cohérence? Se trouve-t-elle au niveau national ou européen? Sur quel corpus de valeurs doit-elle se construire? La réflexion des étudiants ouvre de nombreuses portes qu’ils auront tout loisir de creuser durant leurs prochaines années citoyennes – ils vont désormais également pouvoir voter aux prochaines élections.

Thibault Muzergues”

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