Des plaisirs de la table et de la lecture.

Ceci est un article publié par 2BR-AetB / Lycée des métiers de la restauration Hélène Boucher - Vénissieux / Vénissieux

Projet : Le bureau des idées


C’est avec enthousiasme que des élèves sont allés, vendredi 15 novembre, au RIZE à Villeurbanne à la rencontre de Stéphanie Schwartzbrod, auteure du livre «La Cuisine de l’exil» paru chez Actes Sud. Un moment souriant où il a été question de plats, destin, d’exil et d’épices.

Ils sont d’ici et de là-bas.

Assia, Thida, Maryse, Aissata, Fatima, Syoyan, Ilyes, Wassila, Francine, Gabin, Juliana, Kalian, Malika, Abdou ou Odette… Or,ce sont nos mères, nos pères, nos tantes, nos oncles, nos cousins, nos cousines, nos grand-mères ou nos grands-pères. La majorité d’entre eux est arrivé en France depuis quelques années.
Ils sont d’ici, désormais, et de là-bas, pour toujours.

Des destins personnels

En questionnant une personne de notre entourage, nous avons, chacun, découvert une part de l’Histoire familiale. Pour fuir la guerre, la misère, le fascisme, les menaces, rejoindre sa famille, ou « chercher le bonheur » comme le dit Danka venue de Pologne, ils ont tout quitté.
De fait,les parcours montrent des destins personnels empreints de nostalgie et de fierté.
Ainsi, chaque souvenir d’enfance est émouvant. Par exemple, Kamel se souvient de ses amis en Algérie, dès la fin de l’école, il s’empressait d’aller jouer au foot ou au basket avec eux. De même, Laurinda se rappelle les champs du Portugal où avec ses parents, elle aimait y faire des piques-niques.

Cuisine de l’exil

L’attachement au pays d’origine est fort et passe par la Cuisine.
Dudu, originaire de Turquie, l’affirme avec force « la cuisine ce n’est pas juste un plat qu’on mange, non ce serait trop simple. La cuisine c’est une partie de nous que l’on emporte pour toujours, qui se transmet de génération en génération »; ce qui rejoint les propos de Denise obligée de partir du Vietnam en 1948 après 3 ans de captivité:« dans ma famille, il est très important de cuisiner vietnamien car c’est un moyen de réunir toute notre famille »

Stéphanie Schwzartzbrod lit un extrait de son livre « La cuisine de l’exil » paru chez Actes Sud.

Ce qui manque

Ali, Comorien, arrivé en France a 22 ans, précise « Je ne regrette pas d’être parti car aujourd’hui je suis heureux avec ma famille ici en France, mais la plage, le marché toujours agité me manquent, toutes ces chose qui rendent nostalgique juste en y pensant ». Pour Shang Voung, ce sont sa mère, ses frères et sœurs restés là-bas (Cambodge) qui lui manquent le plus. Il rajoute « aussi l’odeur des plats chauds quand je rentrais et les journées passées avec mes amis ». Quand à Claudette (Guadeloupe), elle est « remplie de souvenir comme le bruit de la mer, les fleurs colorées à l’odeur enivrante ou la sensation des pieds dans l’eau à 6h du matin »

La Cuisine, c’est donc le lien, la transmission, une identité. Soit,ce qui fait, aussi, Société !

Ressource-s liée-s à l'article :

One thought on “Des plaisirs de la table et de la lecture.”

  • Chers élèves du Lycée Hélène Boucher,

    L’équipe des médiations de la Villa Gillet vous souhaite une bonne année 2020 !
    Et elle commence très bien car nous avons transmis votre article à Stéphanie Schwartzbrod. Qui vous a formulé la réponse qui suit.

    Bonne lecture !

    « Chers élèves du lycée Hélène Boucher,

    J’ai été très touchée par le travail que vous aviez effectué avant notre rencontre. J’ai été frappée par le fait que tous les témoignages que vous avez recueillis résonnaient avec les témoignages de mon livre…. Comme si effectivement, le rapport à l’exil et à la nourriture touchait quelque chose de très profond chez chacun de nous…. Je me suis longtemps demandée pourquoi le thème de l’exil était si important pour moi, alors que je viens d’une ville de province et que mes parents et mes grands-parents sont tous nés en France… J’ai fini par comprendre qu’on est tous exilé d’un paradis perdu, un lieu qu’on a perdu et qui n’existe plus, certains, ayant réellement quitté un pays, une famille, des amis, d’une manière un peu plus aigu que d’autres…..
    Vous travaillez sur les métiers de la restauration et là aussi, vous pouvez voir dans ces témoignages comme le goût est un sens qui nous touche profondément. Marcel Proust, dans « La recherche du temps perdu » raconte comment, il ressent, en mangeant une madeleine trempée dans du thé, une sensation intense car cette madeleine fait ressurgir en lui un souvenir chargé d’émotion lui rappelant les moments où sa tante lui faisait manger des madeleines trempées dans une infusion….. C’est merveilleux de travailler dans un domaine si sensible dans tous les sens du terme.
    Je vous encourage à continuer d’interroger vos amis et votre famille pour aller encore plus loin dans la connaissance de leurs histoires. Je sais que vous aviez préparé un questionnaire dans votre classe. J’ai longtemps eu envie d’écrire ce livre sans savoir comment. Dès que j’ai construit mon questionnaire, cela s’est fait tout seul…. Je l’ai envoyé à votre professeur, servez-vous en et continuez….

    Stéphanie Schwartzbrod”

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *